jeudi 6 juin 2013

De Hué à Hanoï, en remontant la mer de Chine jusqu'à la baie d’Halong

Du 22 Avril au 3 Mai 2013

999kms


     En quittant Hué, nous avons croisé Wing, un cyclotouriste hongkongais. Il allait dans notre direction et avait prévu de faire étape le soir dans la même ville que nous. Nous avons donc décidé de faire le trajet ensemble.

     Wing est un cyclo moderne avec smartphone, lecteur mp3, ordinateur, etc. mais il n’utilise pas de GPS et se cantonne aux routes principales. Nous lui avons fait découvrir le plaisir de rouler sur des petits chemins, de traverser des villages reculés, de s’égarer par moment car nos cartes (Google Maps + Openstreetmaps) sont un peu imprécises pour le Vietnam… et de faire au total une trentaine de kilomètres de plus que si nous avions suivi la route nationale.


Sur la route avec Wing

Au Vietnam, chaque village a sa spécialité: ici, la fabrication des batonnets d'encens 

     Après un an de voyage, nous sommes assez bien rodés. Si la route ne présente pas de difficultés (côtes, vent de face ou mauvais état) ni de point d’intérêt qui mérite l’arrêt, nous roulons 35 à 40kms avant de faire une première pause (hors arrêts photos) et parcourons en général près de 80kms dans la matinée. Wing n’était pas habitué à ce rythme assez soutenu. A la mi-journée, nous avions presque atteint son objectif de la journée, Dong Ha. Nous nous sommes séparés après le déjeuner; Wing est allé se reposer tandis que nous sommes partis vers à la plage.

Pause déjeuner avant de se séparer

     Pour rejoindre la baie d’Halong, nous hésitions entre continuer à longer la côte ou regagner les montagnes de la cordillère Annamitique et emprunter de nouveau la route Ho Chi Minh pendant quelques centaines de kilomètres. Le temps incertain (il pleuvait tous les soirs et les montagnes étaient couvertes de nuages) et des problèmes de pédaliers (du jeu au niveau des coupelles) ont fait pencher la balance en faveur de la première solution.

Au cours de notre pause déjeuner nous expliquons notre trajet. La carte papier est très utile lorsque nous n'avons pas de langue en commun.

Dans certaines écoles, les enfants doivent apporter leur tabouret

Les plages sont vraiment superbes au Vietnam

     Après Dong Ha, nous avons franchi le 17ème parallèle et la rivière Ben Haï, ancienne ligne de démarcation entre le sud et le nord du Vietnam, avant de rallier Dong Hoi, à une centaine de kilomètres au nord. Le lendemain matin, avant de partir, PE a fait démonter/remonter son pédalier en espérant que cela résoudrait son problème. Mais le réparateur local ne disposait pas plus que nous des outils adéquats et 5-10 kms plus loin, son pédalier a commencé à se dévisser. Nous avons été contraints de faire, momentanément, demi-tour … et avons recroisé Wing que nous avions quitté depuis plus de 24h. Une fois le pédalier resserré (par PE finalement), nous avons rattrapé Wing qui marchait à côté de son vélo dans une côte. Nous avons ensuite voyagé ensemble le long de la côte de la mer de Chine pendant 3 jours. Nos chemins se sont séparés définitivement quelques kilomètres avant Thanh Hoa, à 150kms au sud de Hanoï. Wing a rejoint cette ville pour y prendre un bus jusqu’à la frontière chinoise (son visa vietnamien arrivait à expiration). Nous sommes partis en direction de la côte, à Tam Son.

Réparateur de vélos: une saccoche peu fournie mais un bon burin!


     Avant de débuter son voyage, Wing travaillait au Disneyland de Hong Kong. Auparavant, il a étudié 3 ans en Australie et son rêve est de partir y voyager à vélo avec sa petite amie. Au cours de ces quelques jours passés ensemble il n’a cessé de me demander comment PE avait réussi à me convaincre de l’accompagner à vélo dans ce périple (en fait c’est plutôt en sens inverse que ça s’est passé). Sa petite-amie vient juste d’apprendre à pédaler et elle n’a pas l’air très motivée pour le suivre. Wing appelait chaque jour sa petite amie et sa mère, le matin et le soir. Même à plusieurs centaines de kilomètres de Hong Kong, le poids des traditions de la société chinoise semblait parfois lui peser. Il nous a décrit avec humour les sociétés hongkongaises et chinoises : de la place de la démocratie à Hong Kong au rôle des soupes préparées par les mères (là Wing carburait au Phó) et du karaoké (omniprésent en Asie de l’est, tant au Vietnam qu'en Chine).
Wing nous disait arriver à comprendre et à parler un peu le vietnamien car ce serait une langue assez proche du Chinois. En pratique, il nous est arrivé de recevoir un plat de poulet (gà) alors qu’il avait commandé du poisson (cà). En fait le vietnamien et le chinois appartiennent à deux familles de langues différentes (austroasiatique et sino-tibétaine), leur proximité n’est qu’apparente (le vietnamien a intégré de nombreux mots chinois).
Ces quelques jours passés ensemble n’ont fait qu’augmenter notre envie de découvrir la vaste Chine et Wing a encore ajouté à la tentation en nous invitant chez lui à Hong Kong.

Wing!

      De par sa situation au bord du golfe du Tonkin et son absence du guide de voyage, j’imaginais Tam Son comme un discret petit port de pêche. En fait, il s’agit d’une station balnéaire en plein boom : des dizaines d’hôtels, de bars, de restaurants modernes et coûteux (pour le Vietnam), un concert-spectacle en front de mer, des voiturettes électriques pour transporter les touristes, des manèges pour les enfants, etc. Mais aucun touriste occidental !

     Avant de rejoindre Hai Phong, nous avons fait un détour par le village touristique de Tam Coc (« 3 grottes » en vietnamien). Un défilé continu de barques emmène les touristes sur la rivière Ngo Dong à la découverte des fameuses grottes et des formations monolithiques de roche calcaire présentes dans la campagne environnante. Il est amusant de voir les rameurs utiliser leurs pieds plutôt que leur bras pour propulser les barques, sans doute une particularité vietnamienne. Nous avons préféré explorer ce site naturel à vélo et avons ainsi pu en apprécier la beauté en toute tranquillité.


En route vers les 3 grottes... à la force des pieds, Tam Coc


Tam Coc
Rivière Ngo Dong, Tam Coc


     Nous nous sommes accordés une journée de repos mérité à Hai Phong. Nous avions roulé les 7 jours précédents (depuis Hué). Il ne s’agissait certes pas de très grosses journées et nous les agrémentions souvent d’un bain dans la mer, mais nous avons tout de même parcouru 755kms sans pause le long de la côte de la mer de Chine.

     Hai Phong est la troisième ville la plus peuplée du Vietnam et un important port commercial. Elle abrite quelques bâtiments d’architecture coloniale, tel l’opéra. La ville est célèbre pour ses cafés servis en terrasse. Nous y avons mangé nos premiers Bun Bo Nems: des nems, préparés comme ceux que nous connaissons en France, servis avec une montagne d’herbes aromatiques, des nouilles de riz et une sauce sucré-salée. Nous avons également testé le barbecue vietnamien : une plaque de métal posée sur un réchaud où se font cuire au choix de la viande, des frites, des légumes, etc.

Hai Phong

Opéra de Hai Phong

Barbecue vietnamien

     Hai Phong est une des portes d’entrée de la baie d’Halong : de nombreux «fast boats» permettent d’atteindre directement l’île de Cat Bà, la plus grande de la fameuse baie. Nous avons préféré une option plus lente et moins onéreuse : rallier le port de Dinh Vu à vélo (17kms à l’est de Haï Phong) puis enchainer deux ferrys publics (et, entre les deux, traverser l’île de Cat Hai) pour arriver au port de Cai Vieng à l’ouest de l’île. Nous avons alors longé la côte sud de l’île pour rejoindre Cat Bà (la ville homonyme) 26 km à l’est.

Enbarquement pour l'île de Cat Bà


     A notre étonnement (le temps était couvert et nous étions en semaine), les ferrys tournaient à plein et les files d’attente des véhicules motorisés s’allongeaient. C’est lorsque nous avons interrogé un hôtelier sur les raisons de cette affluence sur l’île (et du doublement des prix !) que nous avons réalisé que nous étions le 30 avril, anniversaire de l'unification du pays (chute de Saïgon en 1975), et début d’un week-end rallongé de 4 jours (incluant le 1er mai). Cette ambiance festive était inattendue, mais pas déplaisante. Nous avons pu côtoyer et observer la classe moyenne vietnamienne, qui part en weekend en famille à moto, raffole des « hot pot » aux produits de la mer, loue des tri- ou quadri-dems pour remonter la promenade du bord de mer, et va se baigner au coucher du soleil (pour éviter autant que possible de bronzer). Le ciel couvert s’est dégagé dans l’après-midi, juste le temps d’une baignade et d’un beau coucher de soleil.

Port de pêche, Cat Bà

Plage, Cat Bà

Coucher de soleil sur un village flottant, Cat Bà


     Le lendemain matin, nous avons visité, sous un ciel menaçant, le fort Cannon qui offre un point de vue magnifique sur l’île de Cat Bà. Nous nous sommes ensuite dirigés vers le nord de l’île pour prendre un ferry vers la ville d’Halong. Nous pensions nous arrêter faire une petite randonnée dans le parc national au centre de l’île mais une forte pluie nous en a dissuadés. Nous avons juste eu un peu de répit le temps de la traversée en bateau entre Gia Luan et Tuan Chau: nous avons alors pu admirer quelques unes des îles de la baie d’Halong émergeant mystérieusement au milieu de la brume.

Vue du fort Cannon

Parc national de Cat Bà

Baie d'Halong


     Nous avons dormi à Halong, avec l’espoir que le temps s’arrange le lendemain... Que nenni. De plus, la météo annonçait de la pluie et des orages pour les cinq jours suivants. Nous avons donc décidé de rejoindre Hanoï au plus vite en refaisant étape à Haï Phong pour la nuit; la ville nous avait plu et nous ne l’avions pas entièrement explorée. Comme le ciel était orageux, nous avons, une fois n’est pas coutume, opté pour la route principale, où une voie était réservée aux vélos (et aux charrettes).

En route pour Hanoï


     L’animation qui régnait sur le bord de la route ainsi que l’excitation d’arriver à Hanoï ont finalement rendu ce trajet moins désagréable que ce à quoi je m’attendais. Nous avons donc atteint Hanoï le 3 mai 2013, dernière étape de nos pérégrinations cyclopédiques après 1 an et 2 jours de voyage et plus de 16.000kms au compteur.

Certains cyclistes sont plus chargés que nous!

Protection solaire maximale mais pas très aérodynamique

Vendeuse de fleurs au bord de la route



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