Du 23 Mars au 8 Avril 2013
231 Kms
PE en rêvait, nous l’avons fait : rejoindre
le Laos par la terre. Après avoir parcouru plus de 14.000 kilomètres et traversé
15 pays, nous avons passé la frontière entre le Cambodge et le Laos, à Trapaeng
Kriel, sur la rive ouest du Mékong, le samedi 23 mars peu avant midi.
Après une pause déjeuner devant les chutes de Khone Phapheng, nous avons rejoint les Si Phan Don ou « 4000 îles » un
peu plus au nord.
Les chutes de Khone Phapheng sont les plus
grandes du Mékong et d’Asie du sud-est (9,7km de large et 21m de haut). C’est à cause d’elles que le
Mékong n’est pas entièrement navigable et que les échanges fluviaux entre le
Laos et le Cambodge ne se sont jamais développés. Au temps du protectorat, les Français avaient mis en place un système de petit train qui permettait aux
marchandises transportées par bateaux de passer les chutes, mais ce système n’a
jamais bien fonctionné (il reste encore visible sur l’île de Don Khone).
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Chutes de Khone Phapheng |
Les Si Phan Don tirent leur nom de la multitude
d’îles et îlots (a priori 4000 mais j’avoue ne pas les avoir comptées) qui
apparaissent sur le Mékong à cet endroit là à la saison sèche, lorsque le niveau
de l’eau est au plus bas (donc maintenant). Certaines îles sont permanentes (quelques dizaines)
mais la plupart sont de micro îlots surmontés d’un buisson. Trois îles sont
aménagées pour le tourisme et ont chacune leur personnalité : Don Khong, la
plus grande île et la plus paisible, le mot « stress » n’y existe pas ;
Don Det, l’île des backpackers réputée « happy » (du nom de ses
spécialités gastronomiques assaisonnées à la marijuana) et Don Khone, l’autre
île des backpackers, le côté « happy » en moins. Nous avons choisi de
séjourner sur… Don Khong, car : 1- nous sommes plus des flashpackersque
des backpackers ; 2- nous sommes suffisamment « happy » dans
notre état normal ; 3- PE voulait retourner sur cette île où il avait déjà
séjourné lors de ses 3 précédents voyages au Laos. Nous ne l’avons pas regretté.
La vie sur cette île semble tourner au ralenti ; les habitants se laissent
bercer dans des hamacs à l’ombre de leur maison pendant que les enfants se
baignent dans le Mékong (bon il faut dire qu’il faisait plus de 40°C en
milieu de journée) ; on s’y déplace à pieds ou en moto, il n’y a quasiment
pas de voitures, de bus ou de camions. Muang Khong, le village principal sur la
côte est de Don Khong, se limite à une dizaine de guesthouses au bord du Mékong
et à une cinquantaine d’habitations. Nous avons passé 2 jours à explorer l’île à
vélo, à flemmarder en buvant de la Beerlao ou du café glacé, et à « écouter
le riz pousser » comme disent les Lao.
NB de PE: L'île de Khong reste calme mais elle l'était bien plus encore lorsque j'y ai séjourné en 1998, 1999 et 2000 (il n'y avait rien sur Don Det et Don Khone). Seuls quelques bungalows très rustiques pouvaient alors héberger les rares touristes qui arrivaient dans ce cul-de-sac (la frontière avec le Cambodge était alors fermée). L'île n'était alimentée en électricité que 3 heures par jour, de 18h à 21h; ensuite la voûte étoilée avait tous les droits.
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Une vingtaine des 4.000 îles |
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Les buffles qui raffolent de l'eau et se promènent d'île en île |
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Maison traditionnelle de l'île de Khong |
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Une des rares rizières cultivées (car irriguée) sur l'île de Khong lors de notre passage (à la saison sèche). |
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Enfants calmes mais toujours prêts à faire les clowns devant des étrangers! |
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Pêche au coucher du soleil |
Pour arriver jusqu’à Paksé, 120 km au nord
des Si Phan Don, nous avons d’abord emprunté la route n°13 (celle qui traverse
le pays du nord au sud en passant par les principales villes du Laos). Mais
nous avons abandonné cette route un peu ennuyeuse une quarantaine de kilomètres
avant l’arrivée, à Muang. Nous avons traversé le Mékong pour rejoindre sa rive
ouest et la nouvelle route (que PE ne connaissait pas) qui relie Champasak à
Paksé. Après une ferme négociation – de principe – pour le prix du ferry public
(« sitting » sur le bac pour ne payer que les 7.000 Kips par vélo –
0,7€ – prévus et non les 20.000 Kips réclamés) et deux gros orages (cette année
la saison sèche se prend pour la saison des pluies), nous avons enfin atteint le
centre économique du sud du Laos. Attention, ne vous méprenez pas sur les
termes : « centre économique » ne signifie pas forcément « activité
intense ». Que ce soit sur les marchés ou dans la zone touristique, dans
la journée ou le soir, en semaine ou le week end, l’atmosphère reste très
paisible et l’animation très limitée. Au total, nous avons passé presque 2
semaines à Paksé, le temps que PE travaille un peu pour la Gambie et
revoie les gens qu’il avait connus lors des trois étés qu’il a passé à l’Ecole
Normale (ou Teacher Training Center tel qu’il s’appelle maintenant en langue
internationale).
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Le pont français, Paksé |
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L'église de Paksé |
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Paksé |
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Moines au Wat Luang , Paksé
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Nouveau marché, midi, Paksé. Notez que la cliente porte une jupe Lao, élément obligatoire de la garde-robe de toute fille Lao.
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Charcuterie, poissons et viande séchés, café, vêtements, ustensiles de cuisine, etc. tout se trouve au nouveau marché. |
Ces deux semaines m’ont laissé le temps de découvrir que :
- Le sport national Lao est le kator,
sorte d’anti volley-ball : toutes les parties du corps sauf les bras et les mains sont autorisées pour
renvoyer la balle (en rotin) par-dessus le filet ;
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Partie de kator sur les bords du Mékong |
- La pétanque est pratiquée au Laos (comme à
Pondichéry). Même les filles y jouent.
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Tournoi féminin de pétanque à l'école normale de Paksé |
- L’heure Lao est "élastique", dixit Mr Siha (ancien professeur de l'EN).
- La Beerlaoest
présente sur toutes les tables, et les bouteilles sont souvent surreprésentées
par rapport aux nombres de personnes attablées.
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La Beerlao, boisson officielle du Laos! |
- La préparation du café Lao à la « chaussette »
est tout un art :
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Notre vendeuse de café préférée. Les 2 pots en métal contiennent le café (en train d'être filtré) et la marmitte dessous de l'eau bouillante qui sert à diluer le café servi dans des verres sur du lait concentré sucré
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- Le poisson grillé façon lao se déguste
enroulé dans des feuilles de riz avec de la salade et des plantes aromatiques
(façon rouleau de printemps) sur les bords du Mékong :
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Poisson façon Lao, boulettes de riz et saucisse à l'oeuf |
- A l’époque du protectorat français les
études secondaires et supérieures se faisaient dans la langue de Molière. Son usage a été interdit après la « libération » du pays, en
1975, par le parti communiste toujours au pouvoir. Aujourd’hui, les (rares) personnes
âgées qui parlent encore le Français semblent
toutes s’être reconverties en guide francophone (nous en avons rencontrées plusieurs),
le top étant d’avoir la carte de guide nationale, et non seulement provinciale,
qui permet de guider les touristes jusque « au nord » ;
- Le tourisme, et plus généralement
l’économie, semblent se développer assez vite au Laos. Mais selon Noukone (une
professeure retraitée de l’EN), les Vietnamiens (ou Lao d’origine vietnamienne)
investissent et développent les infrastructures touristiques (hôtels, agences
de voyage, restaurant,…) tandis que les Lao les regardent surtout « pousser
comme des champignons ». Ce n’est pas sans rappeler ce proverbe de
l’époque coloniale : « les
vietnamiens plantent le riz, les cambodgiens le regardent pousser et les
laotiens l'écoutent pousser ».
- Lors d'un mariage, les parents de la mariée reçoivent une dot (de l'or et des Kips). Après le mariage, le jeune couple habite chez les parents de l'un ou de l'autre (à négocier) jusqu'à ce qu'il ait les moyens d'acheter une maison.
- Le Laos poursuit sa transition
démographique, le nombre d’enfants par famille se réduit (aujourd’hui, les
jeunes de la classe moyenne désirent rarement plus de 2 enfants)… et la
nouvelle génération est parfois un peu agitée (loin de l’idéal d’enfant calme
décrit par PE).
- Les occidentaux sont appelés des Farang(de la même manière qu'ils sont appelés des Yovos au Bénin).
- Les au revoir au Laos s’accompagnent d’une
cérémonie du baci :
ceux qui restent nouent un bracelet autour du poignet de celui qui s’en
va en faisant un vœu qui se réalisera lorsque le bracelet se dénouera.
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Cérémonie du baci chez Noukone |
A suivre (mais quand?): Paksé 15 ans après (par PE).
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