De Shiraz, nous sommes partis en direction de Bandar-e Pol. Après de
multiples hésitations, nous avons finalement opté pour la route principale qui
passe par Jahrom et Lar. Nous nous attendions à une route circulante et
ennuyeuse (nous avions déjà préparé nos MP3 et prévu des heures d’écoute pour
passer le temps en pédalant…), en fait il n’en a rien été. Les paysages,
quoique toujours désertiques ont été variés, le climat et les rencontres aussi…
Notre première étape pour rejoindre Jahrom, a constitué notre nouveau record
de distance avec 190km parcourus dans la journée !!! Nous avons fini cette
étape de nuit, escortés par 3 motos qui nous ont éclairé la route pendant plusieurs
kilomètres. La pensée d’une douche chaude et d’un bon lit à l'arrivée ont été une
bonne motivation !
Le lendemain, nous sommes partis en direction Lar. Les paysages ont commencé
à changer : plus de sable, plus de végétation, des dromadaires… L’arrivée
à Lar fut un peu dure. A 20 km de la ville, nous avons du passer un col petit mais costaud (seulement 150m de haut mais avec une pente entre 8 et 10%...) de
nuit… Heureusement, un de camionneurs arrêtés au sommet nous a indiqué la
route pour rejoindre Lar, un motard nous a montré que nous pouvions prendre une
route en construction afin d’être protégés sur les derniers kilomètres et un
habitant de Lar nous a escortés jusqu’à un des hôtels de la ville… Bref
l’hospitalité iranienne que permet de terminer agréablement une journée assez
dure physiquement….
De Lar, nous sommes repartis en direction de Bandar-e Pol, le port à partir
duquel nous devions rejoindre l’île de Queshm. Plus de 200km séparent Lar de Bandar-e-Pol et d’après la carte, nous n’avions
pas vraiment d’idée sur l’endroit où nous pourrions nous arrêter pour passer la nuit: il n’y
avait ni hôtel, ni ville indiqués sur la carte avant l'île de Queshm. La route après Lar était magnifique. En
quelques kilomètres, nous avions complètement changé de paysages (des oasis de
montagne et des réservoirs en forme de dôme se succédaient le long de la route)
et de climat (d’un climat sec et frais à Shiraz, nous étions passés à un climat
chaud et humide).
|
Réservoir d'eau (la plupart étant encore utilisés) |
Les villages, quant à eux, étaient minuscules voire
inexistants. Nous avons réussi à remplir une bouteille d’eau à Badni et à faire
quelques courses à Ormoud pour le déjeuner. Mais à part ces 2 villages, nous
n’avons pas croisé d’endroits où il était possible de se ravitailler. Au
coucher du soleil, nous avons décidé de nous arrêter au village de Tang Dalan, en espérant y trouver au moins de l’eau et si possible un endroit pour
bivouaquer. Sur la route, une voiture s’est arrêtée pour nous donner un melon
et nous indiquer que le village était un peu plus loin. Au croisement suivant,
des jeunes en moto nous ont indiqué la direction du village, qui ne se trouvait
pas du tout au bord de la route, comme indiqué sur la carte, mais à environ 3 kilomètres derrière une barre
rocheuse… Grace à eux nous avons enfin trouvé le petit village de Tang Dalan et
pu remplir notre vache à eau…. Et comme nous sommes en Iran, les habitants nous
ont ouvert la salle de prière climatisée de la mosquée réservée aux femmes pour que nous puissions nous y installer pour la nuit et les toilettes de la mosquée où nous avons pu nous laver… Le rêve! L’arrivée
dans ce petit village nous a fait ressentir un profond dépaysement : la
peau des gens était beaucoup plus foncée que dans les autes villes ou villages que nous avions traversés précédemment, les vêtements des femmes étaient très
colorés et la langue nous semblait différente… Nous avions un peu l’impression d’être
en Inde… nous étions juste entrés en pays Lori…
|
Enfants Loris à Tang Dalan |
|
Notre chambre pour la nuit! |
|
Mosquée de Tang Dalan |
Le départ de Tang Dalan a été un peu dur. La fatigue accumulée les derniers jours et le changement de climat y étant surement pour beaucoup. Nous sommes partis à 7h30 de Tang Dalan. Malgré cela, la chaleur et l’humidité sont rapidement devenues insupportables. Une quinzaine de kilomètres après le départ, nous nous sommes arrêtés à un poste de police pour leur demander si nous pouvions utiliser la fontaine qui était devant. La fontaine n’était pas utilisable, mais ils nous ont donné 3 bouteilles d’eau, des pommes et des concombres…. De quoi tenir quelques kilomètres… Le paysage a encore une fois complétement changé : du sable, des dunes, plus de vegetation, et une chaleur et une humidité à la limite du supportable. Sans oublier un éternel vent de face qui nous ralentissait d’environ 5 à 10 km/h. A une vingtaine kilomètres de Bandar-e Pol, une voiture de police nous a fait signe de nous arrêter et deux policiers en sont descendus pour… nous donner leur repas : barquette de riz (en s’excusant car ils n’en avaient qu’une seule… que nous avons déjà eu du mal à finir !), yaourts, grenades et eau ! Nous sommes arrivés dans l’après-midi à Bandar-e Pol et avons pris un ferry pour l’île de Queshm….
En arrivant sur l'île de Queshm, nous pensions nous installer dans une homestay au petit village de Tabl.
Cependant, pédaler jusqu’à Bandar-e Pol en pleine chaleur et contre le vent
nous avait épuisés et nous étions peu motivés pour pédaler encore une trentaine
de kilomètres face au vent pour rejoindre Tabl. Pendant que nous hésitions entre rejoindre Tabl ou un hotel à Dargahan (ce qui impliquait de visiter l’île en
voiture le lendemain), nous avons rencontré Jahan, un ouvrier en chef d’origine Pakistanaise sur
le chantier de construction d’un mall à 1km du port qui nous a proposé de nous
héberger pour la nuit. C’est ainsi que nous avons passé notre première nuit
dans une cabane de chantier, après un délicieux repas pakistanais et une partie
de Légo (jeu de pions chinois).
|
Jahan, notre gentil hôte pakistanais pour la nuit! |
Le lendemain matin nous sommes partis tôt en direction de Tabl (toujours le
vent de face). En chemin nous avons visité le village de Laft et ses célèbres « wind-towers »
qui servaient de climatisation pour les maisons.
|
Lenge-building yard: bateau utilisé pour le transport des marchandises entre Queshm et Dubaï |
|
Laft et ses fameuses wind-tower qui servaient de climatisation aux maison |
|
Dromadaires sur l'île de Queshm |
Le dépaysement a été total :
femmes habillées à l’aide de pantalons resserrés aux mollets décorés de
broderies et de perles, d’un tchador, et d’un masque; hommes enturbannés,
vêtus d’une djellaba; rapport aux gens différent, plus froid, plus distant; mosquées d’architecture rappelant celle de la Turquie.
|
Masque de femme (J'avoue la photo a été prise au Dubaï muzeum... mais c'est juste pour illustrer mon propos!) |
Nous sommes arrivés en
début d’après-midi à la homestay de Tabl et nous sommes installés chez Mr
Amini. En fin d’après-midi nous avons été faire un tour de bateau dans la Harra
sea forest, la plus grande mangrove du Golfe Persique (il faut bien faire des
visites de touristes de temps en temps…). Malheureusement, nous y avons été à
marée basse et il n’était possible de naviguer que sur les canaux principaux.
Cependant, nous avons vu plein de hérons, des bans de petits poissons sauteurs,
des crabes et des « poissons lézards » très étranges….
|
Etranges poissons-lézards... |
Le lendemain matin, nous avons opté pour une visite organisée dans le
géoparc (=parc de roches) de Queshm : le canyon Chakhooh (très
impressionnant !),
|
Chakhooh canyon |
une formation géologique rappelant le tombeau de Cyrus
que nous avions vu à Pasardag
et un site de construction navale.
|
Récupération d'eau dans un des puys du Chakhooh canyon |
Nous avons
ensuite repris la route à vélo pour rejoindre la ville de Queshm. En chemin,
nous nous sommes arrêtés dans le petit village de Shib Deraz, connu pour être
un centre de protection de la reproduction des tortues de mer. Malheureusement
ce n’était pas la saison et il n’y avait aucune tortue. Nous avons passé la
nuit à Queshm, avant de prendre un ferry pour rejoindre Bandar Abbas. Queshm (la ville) et
Bandar Abbas, sont un peu un « pré-Dubai » : fast-foods et centres commerciaux, produits de marque, femmes habillées commme à Téhéran….Après
2 jours à Bandar Abbas, nous devrions prendre un ferry pour rejoindre Sharjah
puis Dubaï… Inch Allah !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire