mardi 30 octobre 2012

Shiraz-Bandar Abbas ou un autre visage de l’Iran…



Du 23 au 29 octobre 2012

700km

De Shiraz, nous sommes partis en direction de Bandar-e Pol. Après de multiples hésitations, nous avons finalement opté pour la route principale qui passe par Jahrom et Lar. Nous nous attendions à une route circulante et ennuyeuse (nous avions déjà préparé nos MP3 et prévu des heures d’écoute pour passer le temps en pédalant…), en fait il n’en a rien été. Les paysages, quoique toujours désertiques ont été variés, le climat et les rencontres aussi…
Notre première étape pour rejoindre Jahrom, a constitué notre nouveau record de distance avec 190km parcourus dans la journée !!! Nous avons fini cette étape de nuit, escortés par 3 motos qui nous ont éclairé la route pendant plusieurs kilomètres. La pensée d’une douche chaude et d’un bon lit à l'arrivée ont été une bonne motivation !
Le lendemain, nous sommes partis en direction Lar. Les paysages ont commencé à changer : plus de sable, plus de végétation, des dromadaires… L’arrivée à Lar fut un peu dure. A 20 km de la ville, nous avons du passer un col petit mais costaud (seulement 150m de haut mais avec une pente entre 8 et 10%...) de nuit… Heureusement, un de camionneurs arrêtés au sommet nous a indiqué la route pour rejoindre Lar, un motard nous a montré que nous pouvions prendre une route en construction afin d’être protégés sur les derniers kilomètres et un habitant de Lar nous a escortés jusqu’à un des hôtels de la ville… Bref l’hospitalité iranienne que permet de terminer agréablement une journée assez dure physiquement….




De Lar, nous sommes repartis en direction de Bandar-e Pol, le port à partir duquel nous devions rejoindre l’île de Queshm. Plus de 200km séparent Lar de Bandar-e-Pol et d’après la carte, nous n’avions pas vraiment d’idée sur l’endroit où nous pourrions nous arrêter pour passer la nuit: il n’y avait ni hôtel, ni ville indiqués sur la carte avant l'île de Queshm. La route après Lar était magnifique. En quelques kilomètres, nous avions complètement changé de paysages (des oasis de montagne et des réservoirs en forme de dôme se succédaient le long de la route) et de climat (d’un climat sec et frais à Shiraz, nous étions passés à un climat chaud et humide).

Réservoir d'eau (la plupart étant encore utilisés)

Les villages, quant à eux, étaient minuscules voire inexistants. Nous avons réussi à remplir une bouteille d’eau à Badni et à faire quelques courses à Ormoud pour le déjeuner. Mais à part ces 2 villages, nous n’avons pas croisé d’endroits où il était possible de se ravitailler. Au coucher du soleil, nous avons décidé de nous arrêter au village de Tang Dalan, en espérant y trouver au moins de l’eau et si possible un endroit pour bivouaquer. Sur la route, une voiture s’est arrêtée pour nous donner un melon et nous indiquer que le village était un peu plus loin. Au croisement suivant, des jeunes en moto nous ont indiqué la direction du village, qui ne se trouvait pas du tout au bord de la route, comme indiqué sur la carte, mais à environ 3 kilomètres derrière une barre rocheuse… Grace à eux nous avons enfin trouvé le petit village de Tang Dalan et pu remplir notre vache à eau…. Et comme nous sommes en Iran, les habitants nous ont ouvert la salle de prière climatisée de la mosquée réservée aux femmes pour que nous puissions nous y installer pour la nuit et les toilettes de la mosquée où nous avons pu nous laver… Le rêve! L’arrivée dans ce petit village nous a fait ressentir un profond dépaysement : la peau des gens était beaucoup plus foncée que dans les autes villes ou villages que nous avions traversés précédemment, les vêtements des femmes étaient très colorés et la langue nous semblait différente… Nous avions un peu l’impression d’être en Inde… nous étions juste entrés en pays Lori…

Enfants Loris à Tang Dalan
Notre chambre pour la nuit!
Mosquée de Tang Dalan

Le départ de Tang Dalan a été un peu dur. La fatigue accumulée les derniers jours et le changement de climat y étant surement pour beaucoup. Nous sommes partis à 7h30 de Tang Dalan. Malgré cela, la chaleur et l’humidité sont rapidement devenues insupportables. Une quinzaine de kilomètres après le départ, nous nous sommes arrêtés à un poste de police pour leur demander si nous pouvions utiliser la fontaine qui était devant. La fontaine n’était pas utilisable, mais ils nous ont donné 3 bouteilles d’eau, des pommes et des concombres…. De quoi tenir quelques kilomètres… Le paysage a encore une fois complétement changé : du sable, des dunes, plus de vegetation, et une chaleur et une humidité à la limite du supportable. Sans oublier un éternel vent de face qui nous ralentissait d’environ 5 à 10 km/h. A une vingtaine kilomètres de Bandar-e Pol, une voiture de police nous a fait signe de nous arrêter et deux policiers en sont descendus pour… nous donner leur repas : barquette de riz (en s’excusant car ils n’en avaient qu’une seule… que nous avons déjà eu du mal à finir !), yaourts, grenades et eau ! Nous sommes arrivés dans l’après-midi à Bandar-e Pol et avons pris un ferry pour l’île de Queshm….
En arrivant sur l'île de Queshm, nous pensions nous installer dans une homestay au petit village de Tabl. Cependant, pédaler jusqu’à Bandar-e Pol en pleine chaleur et contre le vent nous avait épuisés et nous étions peu motivés pour pédaler encore une trentaine de kilomètres face au vent pour rejoindre Tabl. Pendant que nous hésitions entre rejoindre Tabl ou un hotel à Dargahan (ce qui impliquait de visiter l’île en voiture le lendemain), nous avons rencontré Jahan, un ouvrier en chef d’origine Pakistanaise sur le chantier de construction d’un mall à 1km du port qui nous a proposé de nous héberger pour la nuit. C’est ainsi que nous avons passé notre première nuit dans une cabane de chantier, après un délicieux repas pakistanais et une partie de Légo (jeu de pions chinois).
Jahan, notre gentil hôte pakistanais pour la nuit!
Le lendemain matin nous sommes partis tôt en direction de Tabl (toujours le vent de face). En chemin nous avons visité le village de Laft et ses célèbres « wind-towers » qui servaient de climatisation pour les maisons.
Lenge-building yard: bateau utilisé pour le transport des  marchandises entre Queshm et Dubaï
Laft et ses fameuses wind-tower qui servaient de climatisation aux maison
Dromadaires sur l'île de Queshm

Le dépaysement a été total : femmes habillées à l’aide de pantalons resserrés aux mollets décorés de broderies et de perles, d’un tchador, et d’un masque; hommes enturbannés, vêtus d’une djellaba; rapport aux gens différent, plus froid, plus distant; mosquées d’architecture rappelant celle de la Turquie.

Masque de femme (J'avoue la photo a été prise au Dubaï muzeum... mais c'est juste pour illustrer mon propos!)

Nous sommes arrivés en début d’après-midi à la homestay de Tabl et nous sommes installés chez Mr Amini. En fin d’après-midi nous avons été faire un tour de bateau dans la Harra sea forest, la plus grande mangrove du Golfe Persique (il faut bien faire des visites de touristes de temps en temps…). Malheureusement, nous y avons été à marée basse et il n’était possible de naviguer que sur les canaux principaux. Cependant, nous avons vu plein de hérons, des bans de petits poissons sauteurs, des crabes et des « poissons lézards » très étranges….
Etranges poissons-lézards...
Le lendemain matin, nous avons opté pour une visite organisée dans le géoparc (=parc de roches) de Queshm : le canyon Chakhooh (très impressionnant !),

Chakhooh canyon

une formation géologique rappelant le tombeau de Cyrus que nous avions vu à Pasardag



et un site de construction navale.
Récupération d'eau dans un des puys du Chakhooh canyon


Nous avons ensuite repris la route à vélo pour rejoindre la ville de Queshm. En chemin, nous nous sommes arrêtés dans le petit village de Shib Deraz, connu pour être un centre de protection de la reproduction des tortues de mer. Malheureusement ce n’était pas la saison et il n’y avait aucune tortue. Nous avons passé la nuit à Queshm, avant de prendre un ferry pour rejoindre Bandar Abbas. Queshm (la ville) et Bandar Abbas, sont un peu un « pré-Dubai » : fast-foods et centres commerciaux, produits de marque, femmes habillées commme à Téhéran….Après 2 jours à Bandar Abbas, nous devrions prendre un ferry pour rejoindre Sharjah puis Dubaï… Inch Allah !

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