mercredi 30 janvier 2013

Chennai - Kolkata: 2000 kilomètres le long de la baie du Bengale...

Du 4 au 24 Janvier 2013
1848 km

Nous avions penser que nous pourrions rejoindre Calcutta en passant par les îles Andaman & Nicobar, des îles paradisiaques situées en mer du Bengale accessibles en 3 jours de bateau depuis Madras (Chennai) ou Calcutta (Kolkata). Malheureusement les dates des ferry-boats ne s’enchainaient pas bien et nous avons du renoncer à ce projet. Nous avons donc pris notre courage à « 4 pédales » et entrepris la longue remontée de la côte de la baie du Bengale : 2.000 km de vélo, souvent avec un petit vent de face mais toujours sur terrain plat.

Il nous a fallu 3 semaines (dont plusieurs journées de pause) pour rallier Calcutta. Partis de l'Etat du Tamil-Nadu (72 millions d'habitants), nous avons ensuite traversé l’Andhra Pradesh (85 millions d'ha.) et l’Odisha (ou Orissa, 37 millions d'ha.) pour parvenir jusqu'au Bengale Occidental (91 millions d'ha). Nous sommes ainsi passé de l’Inde du sud à l’Inde du nord, des langues dravidiennes (Tamoul, Telougou) aux langues indo-Européennes proches de l'Hindi (Oriya, Bengali), d’un climat chaud et très humide (>80%) à un climat frais (le soir) et sec (en cette saison), des toits de chaume aux toits de brique. 

Maisons en paille (Andhra Pradesh) 
Maisons en glaise et aux toits de chaume (Odisha)
En Odisha, les murs des maisons sont décorés à l'aide de poudre de riz blanche ou colorée
Village traditionnel en Odisha: certains toits de chaumes sont remplacés par de la taule
Les murs et les toits des maisons sont utilisés pour faire sécher les bouses de vaches qui servent ensuite de combustible (Bengale Occidental).
Nous avons la plupart du temps emprunté des petites routes serpentant au milieu de rizières et traversant des villages à l’architecture et au mode de vie traditionnels, joignant des ports de pêche et des stations balnéaires, et nous obligeant à des traversées de rivières plus ou moins acrobatiques.

Traversée en bac double "à cable" (le batelier fait traverser le bateau à la force de ses bras)
Pause chai  (= thé) dans un village de l'Andhra Pradesh
Si,si, ça passe!
Rizières et meules de foin
Dépiquage des jeunes plants de riz
"Meals" (= plat du jour indien) servi traditionnellement sur une feuille de bananier et avec riz à volonté (environ 100Rs pour 2 meals au poisson, soit 0,75€)...
...ici dans ce petit resto sur les docks de Kakinada.
Kakinada
Transfert de la canne à sucre des chars à zébus aux camions
Four à bois traditionnel. D'après le gérant du "bar à thé", ce type de cuisson est beaucoup moins dangereux que celle au gaz. Ils doivent cependant changer leur toiture (charpente en bois et toit en chaume) tous les 3 ans.
Séchage des saris devant un temple (Sri Krishna) en Andhra Pradesh

Vendeur de barbes à papa
Les premiers jours de notre parcours (un peu ennuyeux car nous devions emprunter des routes nationales) ont été ponctués de deux belles rencontres, complètement inattendues. Tout d’abord, sur la route juste avant Nellore, nous avons été abordé par un motard qui, après nous avoir posé les habituelles questions (Where do you come from? etc.) nous a proposé d’aller visiter la clinique dans laquelle il travaille. Nous l’avons volontiers suivi et avons ainsi découvert DUTIES, une ONG qui prend en charge les patients atteints de tuberculose, de VIH/SIDA et d'autres maladies sexuellement transmissibles (notamment les transsexuels), et qui réalise des actions de prévention auprès des populations défavorisées, en particulier pour essayer de prévenir la pratique du Devadâsî ou Mangadhi, encore appelée prostitution des temples (« mariage » d'une fille enfant avec une divinité du temple qui en fait une prostituée sacrée).

L'équipe de Duties
Photo souvenir
La clinique
Seconde rencontre. La troisième nuit de cette remontée vers Calcutta, nous avons fait étape à Ramapuram, minuscule village de pêcheur à quelques kilomètres de Chirala (la plage avait une étoile sur la carte routière). Après avoir pris notre premier bain dans la baie du Bengale, nous sommes retournés sur la plage pour prendre quelques photos du marché au poisson : des centaines de pêcheurs débarquant leur pêche du jour sur le sable, des dizaines de femmes transportant sur leur tête des bassines remplies des poissons qui viennent d’être négociés… Et soudain nous avons aperçu une jeune occidentale, aussi étonnée que nous de cette rencontre. Rebbeca, une Américaine, et son mari Kalyan, un Indien originaire de Chirala, nous ont invités à venir déguster avec eux les kilos de crevettes (décortiquées in situ!) qu'ils venaient d’acheter. Nous y avons mangé les meilleurs crevettes de tout notre séjour en Inde! Elles valaient bien les 10 « kilomètres indiens » (= 30 kms en mesure universelle) aller-retour de nuit à vélo (mais éclairés par les phares de la moto de Kal) qu'il a fallu pédaler pour se rendre chez les parents de Kal.

Tas de petits poissons séchés
Retour de pêche... Au passage, vous pouvez remarquer à quoi est utilisé le matériel de la croix-rouge indienne...
Pêche du jour

Sur notre trajet, nous avons fait une petite halte à Yanaon (ou Yanam, en Andrah Pradesh), le plus petit (30 km²) des 5 anciens établissements français de l’Inde qui est désormais un des districts du territoire éclaté de Pondicherry (avec Mahé, Kârikâl, et donc Pondicherry). Mais contrairement à Pondicherry, nous n’y avons pas trouvé trace de la présence française passée.

Eglise catholique de Yanaon
Après une petite pause à Visakhapatnam (la seconde ville d'Andrah Pradesh, « overcrowded », à mi-chemin entre Chennai et Calcutta), nous avons repris la route au moment de Pongal, la fête hindoue célébrant les moissons d’hiver durant 4 jours. Les routes étaient désertes, les gens faisaient la queue devant les temples pour rendre grâce aux animaux domestiques qu'il amenaient (poules, chèvres, vaches) ...et tous les restaurants étaient fermés.

Queue devant le temple de Bheemili Patnam, Pongal

The lord vigneshwara temple à  Pedapadu, Pongal
Femmes amenant un poulet au lord vigneshwara temple à  Pedapadu, Pongal
Moto familiale au moment de Pongal

Nous avons alors atteint l’Odisha (ou Orissa), un Etat indien qui abrite de nombreuses populations tribales (Ādivāsī ou aborigènes de l'Inde), de vastes réserves naturelles, et le lac Chilika (en fait le plus grand lagon d'eau saumâtre d'Inde, tel le bassin d'Arcachon). Nous y avons fait une promenade en bateau, à partir de la mini-ville de Satapada, pour observer les dauphins (oui, oui nous en avons vu... malheureusement nous n'avons aucune photo pour le confirmer) et les oiseaux. 

Embouchure du lac Chilika
Plage sur le lac Chilika, au bout le lac rejoint la mer du Bengale
Lac Chilika ("partie à sec")
Puis nous avons poursuivi notre route jusqu'à Puri, une ville sacrée et station balnéaire réputée de la côte est de l’Inde (malheureusement, notre bain a été « annulé » pour cause d’enfants en train de poser culotte, de crottes de chien, de cadavres de tortues marines – nous n’avons pas réussi à en voir une vivante !- et d’ordures sur la plage). 

Devant le temple, Puri
Puri
Vendeurs de gateaux au miel devant le temple, Puri
La foule ne dérange absolument pas les vaches.
Marché aux poissons sur la plage de Puri
Porteuses de poissons
Retour de pêche
Quartier des pêcheurs, Puri
Bateau de pêche traditionnel, les barres en bois servent à porter le bateau pour le sortir de l'eau (il faut entre 8 et 12 hommes)
Petit besoin naturel

Konark se situe à seulement 35 kms de Puri. Nous y avons fait halte pour visiter le célèbre temple de Sûrya, dédié au Dieu Soleil et couvert de sculptures érotiques.


Temple du soleil, en forme de chariot tiré par 7 chevaux (aujourd'hui disparus)
Une des 24 roues du temple (qui représentait les 24 heures du jour)
Sun temple
Sculptures érotiques sur la façade du temple
Sculptures érotiques sur la façade du temple
Durant notre périple, PE a été interviewé à 3 reprises pour des journaux locaux. A chaque fois, la scène était la même: tout d'abord, un motard ralentissait à sa hauteur et commençait à lui poser des questions en roulant; ensuite, ils nous demandaient de nous arrêter pour prendre des photos et terminer l'interview. 

Interview à moto
Fin de l'interview... simultanément pour 3 journaux locaux

Malgré nos appréhensions initiales, le trajet vers Calcutta, bien que long, a été intéressant et agréable. Comme d'habitude, nous avons partout été très bien accueillis (eg, dans les petites villes, les restaurateurs se sentaient très honorés lorsque nous choisissions leur établissement pour dîner), orientés (eg, un jeune qui nous avait entendu demander notre chemin, nous a attendu et guidé sur de toutes petites routes que même Google Maps ne connaissait pas) et aidés (en particulier pour le chargement et le déchargement de nos vélos lors des traversées en bateau ou en barque). 

Une seule crevaison en 2000 km (en fait la première depuis la Turquie).
Water tank: livraison de l'eau potable dans un village
Pause chai (thé)
"Village" de foin
Les briqueteries sont omniprésentes en Odisha et au Bengale Occidental
Vendeur de bananes: 10Rs les 6 (0,15€)
Passage d'un train de marchandises: l'Inde doit être le pays champion pour la longueur infinie de ses trains!
Pause chai (thé) dans une patisserie de l'Odisha...
Marché
Camions Tata, toujours très colorés, mais qui occupent toute la route.


Sur les petites routes défoncées, les auto-rikshaws (tuk-tuks) laissent place aux triporteurs à plateforme pour le transport des personnes (et des marchandises).




1 commentaire:

  1. Génial !! vivement la suite ! même si j'ai envie de pleurer à chaque fois que je vais sur votre blog....

    Anaïs

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