dimanche 3 février 2013

Quand on partait sur les chemins, à bicycleeettteee...

    Le vélo est omniprésent en Inde : en moyenne, 40% des foyers (30 à 70% selon les Etats) en possèdent au moins un et entre 50 et 75% des déplacements urbains des travailleurs du secteur informel se font grâce à ce moyen de transport (2005). En outre, l'Inde est le deuxième producteur de vélos au monde (après la Chine), avec 12,5 millions d'unités fabriquées par an.  

    Presque tous les vélos indiens sont semblables : ce sont des vélos monovitesse (la technologie du dérailleur ne semble pas être arrivée jusqu'en Inde), très basiques et très lourds (pas vraiment les fixies à la mode dans les capitales européennes!), de marque Héro ou Atlas, noir ou vert pour les adultes, bleu pour les écoliers et rose pour les écolières. Ils sont équipés d'une béquille « en U » qui ressemble un peu à celle des Vélibs parisiens et permet de poser son vélo droit, d'un porte-bagage de forme variable selon le transport auquel est destiné le vélo (eg, « à griffes » pour accrocher des bouteilles de gaz ou des bidons de lait), d'une selle imitation brooks en plastique (même la vis qui sert à retendre le cuir y est), et souvent d'un écouvillon enroulé autour des moyeux avant et arrière dont l'utilité reste un mystère pour nous. Les garçons ados enfourchent parfois des vélos d'apparence plus moderne : des "VTT indiens" aux cadres tarabiscotés (bi-suspendus) et aux couleurs "flashies"... mais, sauf très très rare exception, toujours monovitesse!

Le vélo Hero ou Atlas classique: monovitesse, selle imitation Brooks, antivol fer à cheval, béquille en U

Porte-bagages à griffes servant à accrocher des bouteilles de gaz ou des bidons de lait
En Inde, comme dans tous les pays à bas revenus, le vélo est le moyen de transport du pauvre (enfin pas du très pauvre qui n’a que ses pieds, mais du pauvre qui n’a pas les moyens de se payer une moto) et de l'écolier. 


Ecolières à bicyclette!
Il est utilisé dans les campagnes et les petites villes  pour couvrir des distances assez courtes (dans les grandes villes, il est plus fréquent de voir des triporteurs ou des rickshaws à pédales). Tout se transporte à vélo : les cruches d’eau, les bidons de lait ou d’eau, les fruits et les légumes, les chèvres, les meubles, la famille, etc. 


Vendeur de cocos verde


Livraison d'un cadre de lit


Vendeur de tomates


Vendeur de chaises en plastique


Vendeurs de marmites et de seaux
Transport de palmes


Concours de chargement!
Lorsque nous faisons un pause dans un lieu habité (pléonasme), nos vélos (et un peu nous aussi) attirent tout de suite la curiosité. Des attroupements se créent autour de nous (cf. post) et nous sommes soumis à toute une série de questions. 


Allons-nous pouvoir repartir?!

Les Indiens s'étonnent toujours que nous utilisions ce mode de transport non-motorisé ; ils considèrent souvent que c'est "du temps gâché". D'où souvent des questions sur la raison de notre voyage ("What's the purpose?"). Une autre question fréquente est "How much the bike?". Notre réponse (mensongère - mais le but est seulement d'indiquer un chiffre qui signifie "chers"), 500$, les surprend toujours (c'est le prix d'une moto!). Au début nous répondions 1.000$ (ce qui correspond à peine à la moitié du vrai prix), mais ce chiffre paraissait difficilement concevable aux Indiens des campagnes. Les vélos indiens basiques et les VTT plus élaborés valent respectivement moins de 3.500Rs (50€) et 10.000Rs (138€)
Du côté du matériel, l'étonnement des Indiens ne se place pas forcément là où on l’attendrait. Ils sont en admiration devant nos gourdes (certains pensent même qu’il s’agit de batteries électriques), nos antivols en U (les vélos Indiens sont au mieux équipés d’un simple antivol de cadre de type "fer à cheval"), et surtout nos feux à piles ("Is it with battery???"). Il est vrai que nous n'avons jamais vu aucun vélo indien équipé de feux, ce qui ne les empêche nullement de rouler la nuit (Avis aux amateurs, il y a là sûrement un marché à prendre!). A contrario, les Indiens ne semblent jamais s'étonner de l'absence de dérailleur sur nos vélos (ils sont équipés de moyeux à vitesses intégrées - même système que les Vélibs parisiens) ; les cyclistes éclairés demandent s'il s'agit d'un "Bike with gear?" et d'autres pensent que nous avons comme eux des vélos monovitesse. Nos sacoches de vélo ne suscitent pas non plus de curiosité particulière (quel chargement étonnerait un Indien?).

Vélos de cyclos occidentaux: avec leur tandem Geneviève et François attirent encore plus la curiosité que nous!




L'équipement d'Holger (ci-devant) - 2 rétroviseurs, 1 casque et 1 caméra fixée sur le guidon - trahit ses origines germaniques ;-)!
Les Indiens paraissent souvent incrédules lorsque nous leur disons que nous venons de France à vélo. Souvent d'ailleurs, pour limiter un peu les explications, nous nous contentons de dire que nous avons commencer notre voyage à Bombay. Ici le vélo est uniquement « utilitaire », personne n’envisage de l'utiliser pour voyager et encore moins pour faire des milliers de kilomètres. Pourtant, même sur un vélo indien, cela semble possible. Pour preuve, un cyclotouriste a traversé l’Inde sur un vélo local en attendant de pouvoir réparer sa randonneuse. Comme quoi, il y a plus fou que nous !


Mode hiver 2012 du cycliste indien: jupe courte, tongs et écharpe-bonnet!
Parking à vélos


"Vélib's Indiens" dans la moderne Bengalore : nous ne sommes pas bien sûrs que le concept ait pris en Inde (c'est d'ailleurs la seule borne que nous ayons vu dans la ville). A noter: ce sont parmi les très rares vélos avec un dérailleur que nous ayons vus en Inde. 





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