mercredi 17 avril 2013

Des Si Phan Don à Paksé : venez écouter le riz pousser…


Du 23 Mars au 8 Avril 2013

231 Kms


Drapeau du Laos



PE en rêvait, nous l’avons fait : rejoindre le Laos par la terre. Après avoir parcouru plus de 14.000 kilomètres et traversé 15 pays, nous avons passé la frontière entre le Cambodge et le Laos, à Trapaeng Kriel, sur la rive ouest du Mékong, le samedi 23 mars peu avant midi.

Après une pause déjeuner devant les chutes de Khone Phapheng, nous avons rejoint les Si Phan Don ou « 4000 îles » un peu plus au nord.
Les chutes de Khone Phapheng sont les plus grandes du Mékong et d’Asie du sud-est (9,7km de large  et 21m de haut). C’est à cause d’elles que le Mékong n’est pas entièrement navigable et que les échanges fluviaux entre le Laos et le Cambodge ne se sont jamais développés. Au temps du protectorat, les Français avaient mis en place un système de petit train qui permettait aux marchandises transportées par bateaux de passer les chutes, mais ce système n’a jamais bien fonctionné (il reste encore visible sur l’île de Don Khone).

Chutes de Khone Phapheng

Les Si Phan Don tirent leur nom de la multitude d’îles et îlots (a priori 4000 mais j’avoue ne pas les avoir comptées) qui apparaissent sur le Mékong à cet endroit là à la saison sèche, lorsque le niveau de l’eau est au plus bas (donc maintenant). Certaines îles sont permanentes (quelques dizaines) mais la plupart sont de micro îlots surmontés d’un buisson. Trois îles sont aménagées pour le tourisme et ont chacune leur personnalité : Don Khong, la plus grande île et la plus paisible, le mot « stress » n’y existe pas ; Don Det, l’île des backpackers réputée « happy » (du nom de ses spécialités gastronomiques assaisonnées à la marijuana) et Don Khone, l’autre île des backpackers, le côté « happy » en moins. Nous avons choisi de séjourner sur… Don Khong, car : 1- nous sommes plus des flashpackers que des backpackers ; 2- nous sommes suffisamment « happy » dans notre état normal ; 3- PE voulait retourner sur cette île où il avait déjà séjourné lors de ses 3 précédents voyages au Laos. Nous ne l’avons pas regretté. La vie sur cette île semble tourner au ralenti ; les habitants se laissent bercer dans des hamacs à l’ombre de leur maison pendant que les enfants se baignent dans le Mékong (bon il faut dire qu’il faisait plus de 40°C en milieu de journée) ; on s’y déplace à pieds ou en moto, il n’y a quasiment pas de voitures, de bus ou de camions. Muang Khong, le village principal sur la côte est de Don Khong, se limite à une dizaine de guesthouses au bord du Mékong et à une cinquantaine d’habitations. Nous avons passé 2 jours à explorer l’île à vélo, à flemmarder en buvant de la Beerlao ou du café glacé, et à « écouter le riz pousser » comme disent les Lao.

NB de PE: L'île de Khong reste calme mais elle l'était bien plus encore lorsque j'y ai séjourné en 1998, 1999 et 2000 (il n'y avait rien sur Don Det et Don Khone). Seuls quelques bungalows très rustiques pouvaient alors héberger les rares touristes qui arrivaient dans ce cul-de-sac (la frontière avec le Cambodge était alors fermée). L'île n'était alimentée en électricité que 3 heures par jour, de 18h à 21h; ensuite la voûte étoilée avait tous les droits.




Une vingtaine des 4.000 îles

Les buffles qui raffolent de l'eau et se promènent d'île en île

Maison traditionnelle de l'île de Khong

Une des rares rizières cultivées (car irriguée) sur l'île de Khong lors de notre passage (à la saison sèche). 

Enfants calmes mais toujours prêts à faire les clowns devant des étrangers!

Pêche au coucher du soleil

Pour arriver jusqu’à Paksé, 120 km au nord des Si Phan Don, nous avons d’abord emprunté la route n°13 (celle qui traverse le pays du nord au sud en passant par les principales villes du Laos). Mais nous avons abandonné cette route un peu ennuyeuse une quarantaine de kilomètres avant l’arrivée, à Muang. Nous avons traversé le Mékong pour rejoindre sa rive ouest et la nouvelle route (que PE ne connaissait pas) qui relie Champasak à Paksé. Après une ferme négociation – de principe – pour le prix du ferry public (« sitting » sur le bac pour ne payer que les 7.000 Kips par vélo – 0,7€ – prévus et non les 20.000 Kips réclamés) et deux gros orages (cette année la saison sèche se prend pour la saison des pluies), nous avons enfin atteint le centre économique du sud du Laos. Attention, ne vous méprenez pas sur les termes : « centre économique » ne signifie pas forcément « activité intense ». Que ce soit sur les marchés ou dans la zone touristique, dans la journée ou le soir, en semaine ou le week end, l’atmosphère reste très paisible et l’animation très limitée. Au total, nous avons passé presque 2 semaines à Paksé, le temps que PE travaille un peu pour la Gambie et revoie les gens qu’il avait connus lors des trois étés qu’il a passé à l’Ecole Normale (ou Teacher Training Center tel qu’il s’appelle maintenant en langue internationale).


Le pont français, Paksé

L'église de Paksé
Paksé


Moines au Wat Luang , Paksé

Nouveau marché, midi, Paksé. Notez que la cliente porte une jupe Lao, élément obligatoire de la garde-robe de toute fille Lao. 

Charcuterie, poissons et viande séchés, café, vêtements, ustensiles de cuisine, etc. tout se trouve au nouveau marché.


Ces deux semaines m’ont laissé le temps de découvrir que :
  • Le sport national Lao est le kator, sorte d’anti volley-ball : toutes les parties du corps sauf les bras et les mains sont autorisées pour renvoyer la balle (en rotin) par-dessus le filet ;
Partie de kator sur les bords du Mékong
  • La pétanque est pratiquée au Laos (comme à Pondichéry). Même les filles y jouent.
Tournoi féminin de pétanque à l'école normale de Paksé
  • L’heure Lao est "élastique", dixit Mr Siha (ancien professeur de l'EN).
  • La Beerlao est présente sur toutes les tables, et les bouteilles sont souvent surreprésentées par rapport aux nombres de personnes attablées.


La Beerlao, boisson officielle du Laos!
  • La préparation du café Lao à la « chaussette » est tout un art :

Notre vendeuse de café préférée. Les 2 pots en métal contiennent le café (en train d'être filtré) et la marmitte dessous de l'eau bouillante qui sert à diluer le café servi dans des verres sur du lait concentré sucré
  • Le poisson grillé façon lao se déguste enroulé dans des feuilles de riz avec de la salade et des plantes aromatiques (façon rouleau de printemps) sur les bords du Mékong :
Poisson façon Lao, boulettes de riz et saucisse à l'oeuf
  • A l’époque du protectorat français les études secondaires et supérieures se faisaient dans la langue de Molière. Son usage a été interdit après la « libération » du pays, en 1975, par le parti communiste toujours au pouvoir. Aujourd’hui, les (rares) personnes âgées qui parlent encore le Français  semblent toutes s’être reconverties en guide francophone (nous en avons rencontrées plusieurs), le top étant d’avoir la carte de guide nationale, et non seulement provinciale, qui permet de guider les touristes jusque « au nord » ;
  • Le tourisme, et plus généralement l’économie, semblent se développer assez vite au Laos. Mais selon Noukone (une professeure retraitée de l’EN), les Vietnamiens (ou Lao d’origine vietnamienne) investissent et développent les infrastructures touristiques (hôtels, agences de voyage, restaurant,…) tandis que les Lao les regardent surtout « pousser comme des champignons ». Ce n’est pas sans rappeler ce proverbe de l’époque coloniale : « les vietnamiens plantent le riz, les cambodgiens le regardent pousser et les laotiens l'écoutent pousser ».
  • Lors d'un mariage, les parents de la mariée reçoivent une dot (de l'or et des Kips). Après le mariage, le jeune couple habite chez les parents de l'un ou de l'autre (à négocier) jusqu'à ce qu'il ait les moyens d'acheter une maison.
  • Le Laos poursuit sa transition démographique, le nombre d’enfants par famille se réduit (aujourd’hui, les jeunes de la classe moyenne désirent rarement plus de 2 enfants)… et la nouvelle génération est parfois un peu agitée (loin de l’idéal d’enfant calme décrit par PE).
  • Les occidentaux sont appelés des Farang (de la même manière qu'ils sont appelés des Yovos au Bénin).
  • Les au revoir au Laos s’accompagnent d’une cérémonie du baci  : ceux qui restent nouent un bracelet autour du poignet de celui qui s’en va en faisant un vœu qui se réalisera lorsque le bracelet se dénouera.
Cérémonie du baci chez Noukone

A suivre (mais quand?): Paksé 15 ans après (par PE).


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